lundi 13 août 2007

Public Image

Public Image Ltd, First Issue

Public Image est-il un groupe tombé aux oubliettes de l'odyssée du rock, pour un jeune de 22 ans aujourd'hui? Excéptés les Doors, Beatles, Floyd ou Stones, peu de groupes des 70's sont assidûment et collectivement écoutés dans les cours de lycées aujourd'hui. L'affaire se complique lorsque la collection de vyniles des parents réunit essentiellement quelques grands noms de la musique francophone, comme Barbara, Brassens et Léo Férré, ainsi que de la folk française des années 70, Tri Yann en tête. Et ne contient comme musique anglo-saxonne qu'un (certes excellent) album de Simon and Garfunkel.

Le jeune rockologue amateur doit aujourd'hui avancer seul dans un passé méconnu mais qu'il sait glorieux. Il doit redécouvrir par ses propres moyens d'illustres rock stars aujourd'hui ignorés des moins de 30 ans, et expliquer à ses amis que le rock n'a pas commencé avec Nirvana. Passés les quelques grands noms de la musique cité plus haut c'est la curiosité qui doit faire la différence.

Il y a à peine deux jours, j'ai dû par exemple presque me contraindre à écouter cet album, Public Image Ltd, qui traînait à la médiathèque dans les étagères du bas, là où sont les disques que personne n'emprunte jamais. Et là, la claque! Je m'attendais à entendre un affilié des Talking Heads ou quelque chose comme ça. La couverture de l'album, une photo en gros plan d'un jeune homme mélancolique, sorte de Topper Headon en pénitence de son heroïn-addiction, ne pouvait laisser entrevoir qu'une musique sage triste, et pourquoi pas expérimentalisante. Là dessus je rentre le disque dans le lecteur CD. Longue intro rythmique, voix rocailleuse et connue: Johnny Rotten!
Au delà des ultras connus Pistols et Clash, je découvre l'album symbole du punk, celui qui l'incarne le plus fidèlement, dans son irrévérentiosité mais aussi dans sa capacité créatrice. Je farfouille dans mes bouquins sur le sujet. Je découvre que ce groupe s'est monté en 1978, à la mort des Pistols et alors que les Clash sont sur le point d'abandonner leur influence punk, par la réunion de quelques grosses personnalités du mouvement punk: Rotten donc, mais aussi Keith Levene, bref membre du Clash éjécté par Strummer et Jones. Les rejoignent deux musiciens, dont un grand cinglé, Jah Wooble, occasionnel bassiste pour les Pistols et surout connu pour ses fracassants coups de chaînes de vélo.

Public Image, sans nier sa qualité musicale, n'est sans doute pas le plus grand groupe de l'histoire. Mais chaque chanson est un ahurissement. L'album est non seulement l'incarnation du punk, mais dégage une multitude de surprises. Il mélange plusieurs folies incendiaires des musiciens, entre avant garde flippante (Religion I et II), paroles scandées, envolées lyriques. Rotten à la voie moins éraillée que sur Never Mind the Bollocks (adieu les "r" roulés, les montées dans le suraîgu), mais n'en est pas moins dérangeante. C'est avec First Issue que j'ai enfin réussi à m'expliquer pourquoi les punks et les gothiques pouvaient se ressembler. Si les deux mouvements paraissent aujourd'hui liés (même si cette idée déplaît à beaucoup car chacun à bien évolué depuis la fin des 70's), la racine familiale existe, elle est sans aucun doute cet album.

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