lundi 13 août 2007

Patti Smith


Patti Smith, Gloria (Horses)


Putain. Ca c'est du rock! Est-ce que le rock aujourd'hui est du rock'n'roll? Est-ce que le rock'n'roll est une branche du rock, aujourd'hui éteinte? Le fait est qu'il suffit d'entendre Gloria, la très célèbre chanson composée par Van Morisson pour son groupe Them en 1964, interprétée en 1975 par Patti Smith pour se dire: "ça, c'est du rock'n'roll" et comprendre qu'il manque au rock des années 2000 une des saveurs les plus fameuses du rock des 70's: la fougue.
Pour la plupart des 120 millions (à quelques pertes et handicaps près) d'oreilles françaises, et pour moi jusque il y a peu, Gloria se résume aux coeurs de rock'n'roll collection, le tube tributaire de laurent Voulzy. Cependant et malheureusement tous les fans de lolo ne connaissent pas l'existence de cet album sacré. Je ne pensais pas moi même découvrir cette chanson là: je m'imaginais ce genre de coeurs, un "locomotion" à la kylie Minogue des 80's. Pour finalement écouter un des plus grands tubes rock. Et rock de chez rock!
La poètesse est en fait une vraie chanteuse rock, dans la lignée de Janis Joplin et dans la veine de Deborah Harry, des Blondie (une des plus grandes et mésestimées chanteuses de rock). Elle chante Gloria comme une furie. On a l'impression que sa voix accélère le rythme des musiciens et l'ultracharisme de ses "I'm gonna ah! ah! make her mine" me trotte dans la tête de façon ininterrompue depuis 4 jours. Sur cette chanson Patti Smith me rappelle fortement Alison W Mosshart, sublime chanteuse brute des Kills. Cette chanson rappelle les Kills. La différence c'est que Patti Smith chante comme une tigresse une p... de chanson, tandis qu'on sent les kills se bagarrer pour chanter quelque chose qui sorte de l'ordinaire. Ce qui manque à Mosshart, finalement, c'est le génie de composition et d'interprétation.
Gloria est une chanson qui monte en régime pendant presque 6 minutes, avec un rythme redondant qui s'accélère aux coups de sang des "ah! ah! make her mine!" de la songwriter. Smith chante avec un accent hautain prononcé. On sent dans sa voix l'irrévérence et l'impertinence de son texte réarangé, qui décrit son attirance rugueuse pour une femme, la Gloria en question, avec référence à la mort de Jesus due aux péchés d'autrui, "but I don't care [...] My sins my own, they belong to me, me".
C'est pourquoi le texte rappelle en outre celui de Leonard Cohen, repris par Jeff Buckley, Hallelujah. Même histoire d'attirance pour une femme, même description onirique, même référence religieuse, même architecture musicale, et à chaque fois une reprise. Seulement les interprétations s'opposent: celle de Buckley, toute en émotion, en chaleur, en intimité et gentillesse, celle de Patti Smith, toute en fougue, en fierté et en arrogance. Les deux compositions et interprétations sont extraordinaires, les deux sont des monuments du rock. Mais lorsque l'on écoute Gloria, on se dit: "putain. Ca c'est du rock!".

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